LE GRAND MONSIEUR BLOND
Musique Oswald d’Andréa ; paroles François Robert
Quand j’étais enfant un grand monsieur blond
Faisait découvrir aux petits garçons
Aux petites filles et aux épicières
Que dans une noix se cachait la terre
C’était un fantôme, un fantôme blond
Un fantôme bleu avec des chansons
Qui parlait d’esprits et de vieilles mortes
Et de trains dans la nuit grattant à sa porte.
Son papa piquait, sa maman cousait
Deux grandes culottes en tissu anglais
Qu’il mettait pour faire le tour de la terre
Au clair de la lune avec sa grand’mère.
Il chantait la nuit, il chantait le jour,
Il mangeait du riz, il parlait d’amour
A une marquise en vieille dentelle,
Puis il se pendait avec une ficelle.
Ma peur était tendre à ces tragédies
Car dans un mot joyeux fit taire la vie
Héritant d’un vieux marchand de fromage
On le retrouvait mangeant son potage.
Lorsque j’eus vingt ans surgit un beau jour
Les poches gonflées de chansons d’amour,
De pommes soufflées et de mots magiques
Le grand monsieur bleu rentrant d’Amérique.
Revoyant Paris, un séjour d’un mois,
Il retrouvait tous ses anciens émois :
La folle complainte, tendre et monotone
Faisait frissonner nos anciens automnes
Et tous les poètes rien qu’en l’entendant,
Suspendaient leur plume avec l’air du temps.
La France était douce et Paris champêtre
Quand il les chantait, là de sa fenêtre,
d’en haut naturellement,
Où avec monsieur Rieudemont il regardait passer les trains
A Narbonne, bien sûr !
Et ses amours fraîches comme la pluie
Parlaient tendrement au cœur des minuits
Elles disaient au cœur de Mamzelle la Plante :
« C’est le printemps chérie, soyez bien contente ! »
Sur un bateau blanc voguant vers les cieux
Derrière son hublot, le grand monsieur bleu
Bavardait avec l’océan sauvage
Et rafistolait tous les paysages.
La jolie sardane pour mes trente années
Le grand monsieur blond me la fit danser,
Parlant à mi-voix de sa tendre enfance
Et des sources bleues du temps des vacances.
Il cachait parfois dans un vieux piano
La nouvelle année avec ses cadeaux,
Le roi Dagobert avec une actrice
Du Théâtre Français fuyant la police…
S’y cachait aussi pour que son amour
Reste incognito jusqu’au point du jour.
Ce piano gardien des cœurs du bel âge
Dormait tout l’hiver au bord d’une plage
Et tous les étés au jardin anglais
Sur ses dents d’ivoire, sur ses dents de jais
Résonnaient gaiement jusqu’à la nuit brune
Des refrains tout bleus au clair de la lune,
Des airs de folies, des chansons d’amour
Et tout ça, tout ça pour…
Un serpent python piteux
Une grenouille et deux grands bœufs,
Une vache sur un mur
Qui picore du pain dur,
Un petit chat de grand’mère,
Un cheval dans un vestiaire
Qui s’échappe d’un tableau,
Un âne bleu près de l’eau,
Une cigale et une fourmi,
Tous les oiseaux de Paris,
Un pauvre vieux rossignol
Qui a perdu son si bémol,
Un petit toutou frémissant
Tarzan et son éléphant,
Un lézard qui change de peau,
Un vieux lion, un vieux rhino-
céros, mais féroce comme tout,
Un grillon, un kangourou,
Un grand ours, un pigeon vole,
Puis un chapeau qui s’envole.
Ces tendres univers dolents de mon cœur
Dansant la sardane sur un air moqueur
Me fait la grimace, me fait de ciel bleu
Depuis tant d’années, mon beau monsieur bleu
Qu’avec les canards qui parlaient anglais
Je vous dis : « Thank you very much, monsieur Trenet. »
Interprétée par Catherine Sauvage sur disque 45 tours Philips 437.445, avec
accompagnement de Jacques Loussier et son orchestre ; jamais éditée en
compact, mais figurant dans un enregistrement public sur un CD intitulé «
Catherine Sauvage à Bobino – 1968 » du label EPM, sorti en 2005.
De son vrai nom Jeannine Saunier, Catherine Sauvage est née à Nancy en 1929
et débute en 1948 au « Bœuf sur le toit ». Elle s’est épanouie dans tous
les cabarets rive gauche, avant de devenir l’interprète de Léo Ferré encore
presque inconnu. En 1954 elle passe à l’Olympia et obtient le grand prix du
disque avec « L’homme ». Son répertoire est solidement charpenté par les
poètes Aragon, Ferré, Vigneault. Durant la vague yé-yé elle se rabat sur le
théâtre où elle joue Brecht.
Elle est morte en 1998.
(Extrait du Dictionnaire de la Chanson Française de Pascal Sevran – Michel
Lafon 1986).
J‘ai pu écouter un extrait dans iTunes, ou il y a deux enregistrements de
Cathérine Sauvage : à Bobino, et dans un album « Le miroir aux alouettes
(1969) ».
Merci à Olivier Lagrou qui a aimablement mis tout son talent dans la conception des illustrations générales de ce site.
Merci aussi à Sylvain Massou qui, à plusieurs reprises, a sorti sa boite à outils informatiques pour remédier à mille et un problèmes techniques. Merci aussi à Nicolas Bayet, toujours positif et présent pour aider avec un très grand sourire !
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