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par Dominic Daussaint
C'est le "Midi Libre" qui a lancé la nouvelle : Carla Bruni prépare son nouvel album et enregistre actuellement dans un studio parisien. Au programme, une adaptation italienne d'un des chefs d'oeuvres de Charles Trenet, "Douce France".
Les Français, qui continuent d'aimer les chansons de Charles Trenet, devraient découvrir cette "Dolce Franca" dès l'automne.
C'est l'occasion de revoir Charles Trenet lui-même interpréter cette chanson célèbre, presque devenue un hymne national en France :
Le même «Midi Libre» en profite pour publier les conclusions d'un sondage BVA que nous découvrons avec plaisir puisque 60% des Français prétendent aimer les chansons de Trenet, et même 13% affirment les aimer "beaucoup". A l'inverse, 35% ne l'aiment "pas vraiment" et 5% "pas du tout". Mais parmi les 18-34 ans, 43% répondent apprécier le chanteur, décédé le 19 février 2001 à 87 ans.
Les fans sont plus nombreux parmi les sympathisants de gauche que parmi ceux de droite (65% contre 56%), notamment chez les 35-49 ans. Eric Bonnet, directeur d'études de BVA, avance l'hypothèse de la «génération Mitterrand» qui garderait en mémoire le soutien du chanteur à l'ancien président.
Autre surprise, «Douce France» est citée par 21% des sondés comme étant leur chanson préférée, et cela devant le titre international de Trenet, l'inusable «La mer» (19%).
Revenons à "Douce France", cette chanson composée durant l'Ocupation, en 1943 et d'abord donnée par Charles Trenet à un jeune chanteur débutant, Roland Gerbeau. J'ai eu d'agréables échanges épistolaires avec ce charmant artiste aujourd'hui octogénaire, et lui ai même consacré un article sur ce site.
Laissons parler Roland Gerbeau :
"..."Douce France", au départ, en 1943, il me l'avait donnée complètement (...) en me disant : "Tiens, je vais te faire une chanson !". (...) Evidemment moi, je n'étais pas très connu et je ne faisais des disques que de temps en temps, surtout pendant l'occupation. C'était très difficile alors, on enregistrait surtout les très grandes vedettes (...).
Alors, "Douce France", un cadeau du Maître à un jeune artiste ? Pas si sûr !
Daniel Nevers, qui dirige la prestigieuse collection de l'Intégrale Charles Trenet chez Fremeaux, propose une autre hypothèse : chanter une "Douce France" qu'on aime "dans la joie ou la douleur" en pleine Occupation n'était pas vraiment du goût de ceux qui se revendiquaient de la Révolution Nationale et préféraient nettement "Maréchal, nous voilà !". Dans l'autre camps, tout doucement "Douce France" avait conquis les maquis et comme "La Marseillaise" était interdite, devenu un hymne national de substitution. Est-ce la raison pour laquelle Charles, auquel on avait conseillé de rester discret, attendit la fin de la guerre pour graver le disque ?
Quant à l'interprète Roland Gerbeau, il passait davantage inaperçu que Trenet, énorme vedette de l'époque et dans le collimateur de la censure pour (notamment) avoir osé enregistrer "Le Temps des Cerises", un chant considéré comme révolutionnaire et, de surcroît, mâtinée de swing, au moment même où ce rythme était vilipendé par la presse d'occupation.
Pour en savoir plus sur les ennuis que Charles Trenet a rencontré durant l'Occupation... (et après) et remettre les pendules à l'heure, lire le percutant article que Bruno Jamin a écrit pour ce site.
Lire ici l'intégralité de l'article du "Midi Libre".
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