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par Nicolas Paquin (alias Charles Blondeau)
Depuis quelque temps apparaissent sur le Site de Amis de Charles Trenet des questionnements légitimes quant à l’absence de pérennité de l’œuvre du Fou chantant.
Serait-ce que tout a été dit sur l’homme ?
Qu’il a vidé la question durant la quinzaine d’années qu’a duré son retour ?
Que Trenet ne devait pas durer ?
Tout cela est faux. Trenet durera : son œuvre persiste dans les mémoires et ses chansons courent encore dans les rues. Son retour ? Il fut une période créatrice où chacun de ses quatre derniers albums (dont le posthume) révèlent un cheminement lent et inexorable vers la fin, joyeuse et nostalgique.
Tout a-t-il été dit sur l’homme ?
Que non ! Mais des gens proches de l’entourage de Trenet pourraient être froissés si certaines de ses frasques parvenaient au grand public. Il faut dire que le côté olé olé du vénérable poète serait, dit-on, digne de mention. Pour les bios croustillantes, les folliculaires resteront sur leur faim quelques années de plus.
Alors il faut se tourner, pour résoudre cette question, vers l’intérêt pécuniaire. Et, voyez-vous, je crois fondamentalement que, actuellement, Trenet ne rapporte pas.
Oui, pour des compilations qui saturent le marché avec, dessus, la Mer, Boum et Que reste-t-il de nos amours ?. Mais pour l’essence, l’esprit, la finesse bref, l’immensité de son œuvre, il faut repasser.
Un jour, me promenant chez Archambault, une dame m’a demandé de la conseiller :
« Pour mes balades en auto, question d’entendre la voix du Fou chantant, ses plus belles chansons, que devrais-je choisir ? Allez, dites-moi, jeune homme, vous avez l’air de vous y connaître. »
Flatteuse, va !
J’ai conseillé une compile d’une douzaine de titres à une douzaine de dollars. Que faire d’autre ? Lui foutre un Frémeau à trente piastres entre les pattes et déguerpir ?
Il n'y a pas de marché Trenet.
Parce qu’il n’y a pas de demande. Parce que personne n’a l’audace de percer le marché. Susciter l’intérêt, développer la curiosité. Et les meilleures personnes pour le faire seraient encore Rozon ou El Assidi. Mais, comme le rapportait Rozon à L’Expansion.com, en mars 2001, Charles faisait de la promotion en vieux monsieur d’avant-guerre. Il n’accordait d’entrevue que sur requête suppliée. Alors si les détenteurs de ses droits se refusent à faire ce que Trenet ne voulait pas entreprendre (probablement parce qu’un homme de son envergure ne voit pas la pertinence de s’abaisser à de telles manœuvres), la valeur de l’œuvre ne fera que glisser.
Reste Aznavour, qui a racheté des droits de Trenet. Mais la carrière de monsieur Aznavour n’a pas besoin de Trenet, qui passe de plus en plus pour un souvenir. Aznavour excelle en affaires. Peut-être trop. Il peut se permettre de créer de la rareté dans son propre intégral. La rareté des produits Trenet est issue, elle, d’un manque de volonté. Et tant que personne n’osera susciter l’intérêt, le désir de revoir Trenet en photos, livres, CD, DVD, films, reportages, expositions, etc., ne restera que l’apanage d’un groupe restreint de fans.
Bien entendu, cela suscitera le développement d’un marché amateur, celui qu’on taxe d’illégal, mais qui sera forcé par l’absence d’investissements majeurs dans l’œuvre Trenet.
Bref, on ne blâmera pas les fans de ne pas croire en Trenet, mais plutôt ceux qui ne croient pas en ce qu’ils possèdent. Et comment leur imputer le tort : lorsque les Éditions Breton furent vendues, c’est Aznavour qui a tout racheté. Trenet n’a même pas levé le bout du coin de l’extrémité du cuir de son portefeuille pour s’assurer un revenu. Comme quoi il est difficile de demander à des gens d’investir dans l’œuvre que son auteur lui-même a laissé le long des golfes clairs...
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CHARLES ET SA MALINGRE POSTERITE | Connexion/Créer un compte | 5 Commentaires |
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