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par Nicolas Paquin (alias Charles Blondeau)
A quelques reprises, Charles Trenet a intenté des procès pour plagiat. Son ami Charles Chaplin y a goûté, suite à la parution du film la Comtesse de Hong Kong. Dans ce film, quelques mesures ont évoqué, à l’oreille de Trenet, La romance de Paris.
Claude François, un peu plus tôt, aura maille à partir avec le grand Charles. Ce dernier retrouve En avril à Paris (1953) dans Je sais. Cloclo renchérit en accusant Charles d’avoir copié L’âme des poètes sur Pigalle (1947), de Ulmer et Koger (qui est le père de Vline Buggy, qui a pondu Je sais ! ), bien que Pigalle fait beaucoup plus penser à Ça sent si bon la France (1941), de Chevalier, qui a chanté Prosper (1935) auquel réfère Pigalle, toutes deux écrites par le même Koger. Mais bon, ce n’est pas l’objet de mon propos !
Pour ma part, j’associe parfois des thèmes entre certaines chansons. Au Canada, Revoir Paris, de Trenet, semble avoir inspiré Robert Charlebois lorsqu’il a écrit Je reviendrai à Montréal :
Je reviendrai à Montréal
Dans un grand Bœing bleu de mer
J'ai besoin de revoir l'hiver
Et ses aurores boréales
La nostalgie prend place dans un avion (où Trenet a composé Revoir Paris) sur une musique lente et, climat oblige, l’automne vermeil est remplacé par l’hiver.
Mais, parfois, la musique d’une chanson nous rappelle un air déjà entendu. Lorsque j’ai connu la chanson Ça vient sans qu’on y pense, de Charles Aznavour, j’ai tout de suite rapproché son refrain et celui de Mathilde, de Jacques Brel :
Extrait de Ca vient sans qu’on pense :
Ça vient sans qu'on y pense
Soudain ça recommence
Et rien, rien n'est jamais perdu d'avance
Sans bruit ça se prépare
Et puis sans crier gare
Ça vient quand on n'y croyait plus
Extrait de Mathilde :
Toi la servante toi la Maria
Vaudrait peut-être mieux changer nos draps
Mathilde est revenue
Mes amis ne me laissez pas
Ce soir je repars au combat
Maudite Mathilde puisque te v'là
Dans ce cas, l’air, plus que les paroles, peut porter à confusion.
Le rapprochement est encore plus évident avec certaines chansons de Charles Trenet. J’ai évoqué, par le passé, la ressemblance flagrante d’une chanson datant de 1957, de Vidalin et Datin, interprétée par Marcel Mouloudji qui s’appelle Julie, avec Il faudrait toujours, chanson pondue par Charles Trenet en 1976.
Extrait de Il faudrait toujours :
Il faudrait toujours attendre un p’tit peu
Pour toutes les choses de la vie
Il faudrait toujours garder un p’tit feu
Pour mieux stimuler nos envies
Un peu de soleil – après le sommeil
Pour un bon réveil – mais jamais pareil
…
Extrait de <Julie> :
Un matin, Julie, blanche à la chapelle,
Devant la famille vous direz ce "oui"
Qui vous livrera timide gazelle,
Aux tendres assauts de votre mari.
Dès le lendemain, vous serez tranquille,
Je ne serai plus là pour vous gronder
…
Plus audacieuse, la ressemblance est aussi frappante entre la chanson Pauvre Georges-André, composée en 1956, avec la chanson de Scotto, Villard et Christiné, popularisée par Joséphine Baker en 1930 et intitulée (vous l’aurez deviné!) la Petite Tonkinoise :
Extrait de Pauvre Georges-André :
Quand Georges André revient de la chasse,
Sa sœur aînée fait la grimace,
Sa bonne maman quitte son canevas.
Dans leur logement, plus rien ne va.
Les petits enfants, dans leur litière,
Ne savent plus dire leurs prières
Et le Bon Dieu, du haut des cieux,
Espère qu'un jour ça ira mieux.
Extrait de La petite tonkinoise :
C'est moi qui suis sa petite
Son Anana, son Anana, son Anammite
Je suis vive, je suis charmante
Comme un p'tit z'oiseau qui chante
Il m'appelle sa p'tite bourgeoise
Sa Tonkiki, sa Tonkiki, sa Tonkinoise
D'autres lui font les doux yeux
Mais c'est moi qu'il aime le mieux
Je ne dis pas qu’il s’agit là d’un honteux plagiat. L’inspiration vient sans qu’on y pense dit la chanson d’Aznavour citée plus haut. Et puis, Pauvre Georges André est elle-même très semblables dans sa structure, son air et son thème, à L’inquiet, que Charles écrira en 1972. Toutes deux sont issues de la veine surréaliste de Trenet et portent sur des personnages pour le moins… étranges. On ne peut tout de même pas accuser Trenet de s’être " auto-plagié "!
Extrait de Pauvre Georges-André :
Quand Georges André revient de la chasse,
Sa sœur aînée fait la grimace,
Sa bonne maman quitte son canevas.
Dans leur logement, plus rien ne va.
Les petits enfants, dans leur litière,
Ne savent plus dire leurs prières
Et le Bon Dieu, du haut des cieux,
Espère qu'un jour ça ira mieux.
Extrait de L’inquiet :
Quand il fut nommé sous-préfet
Il dansa devant le buffet
Il s’est éteint, lui-même, un soir
Étant pompier, par hasard
Quand il monta devant ses juges
Dieu lui dit v’là ton dernier refuge
Mais le ciel était trop petit
C’est pour cela qu’il est parti
Certes, ces chansons ne sont pas aussi connues que La mer. Cependant, l’histoire de chacune d’elles doit être aussi intéressante que celle de la Mer, qu’on raconte sans cesse. Est-ce en fermant la radio, ou après avoir longtemps ressassé dans sa tête un couplet sans parvenir à y coller l’air parfait qu’un auteur finit par choisir une musique qui existe déjà ? Qui sait ? Le simple fait de savoir apprécier chacune de ces chansons nous fait oublier que durant un jour ou deux, on rechante sans cesse la même musique!
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L'INSPIRATION, OU QUAND LA COÏNCIDENCE FRÔLE LE PLAGIAT | Connexion/Créer un compte | 5 Commentaires |
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