Un membre actif de ce portail, l'ami Christian Radoux, nous recommande vivement la lecture de "Ma 5e République" (Editions Hoëbeke, 2001). C'est un bouquin de Cabu, vous savez bien, ce dessinateur engagé et très caustique, bien connu des lecteurs de Pilote, Charlie-Hebdo , Hara-Kiri et du Canard Enchaîné . C'est l'occasion de rappeler que Cabu voue, lui aussi, un véritable culte au talent du grand Charles. Quelques exemples choisis...
En 1986 déjà, dans une BD très acerbe, intitulée Show Bizz (Editions Albin Michel, 1986), le caricaturiste égratignait tout le monde. Personne n'était épargné... sauf Trenet, auquel, au contraire, le dessinateur rendait hommage sur toute une page !
En 1993, Cabu met tout son talent pour illustrer l'excellente biographie de Richard Cannavo (Monsieur Trenet - Editions Lieu Commun ) ? D'ailleurs, en préface, il se confie dans ce beau texte :
Charles Trenet, je t'ai vu la première fois à l'Olympia, le 1er mai 1955, en première matinée à 14h30. J'avais 17 ans, j'étais avec ma grand-mère et depuis, je n'ai jamais vu et entendu un chanteur,
plus tendre
plus drôle
plus léger
plus swingant
plus émouvant
plus intelligent.
Charles Trenet, je suis allé te voir chaque fois que tu as chanté à Paris... 20 fois, 30 fois, depuis ce 1er mai 1955. Sur la scène, tu étais un soleil. La télévision ne pourra jamais montrer ça. Qu'est-ce que tu attends pour chanter, encore une fois, avec un grand orchestre de jazz ! J'irai te voir chaque soir !
Ton groupie : Cabu.
Plus récemment, Cabu confirme à nouveau son admiration dans une interview qu'en extrait, je ne résiste pas à partager avec vous :
Les dessins que vous avez faits pour la mort de Trénet étaient (...) très mélancoliques.
Oui ! J'ai toujours admiré Trenet. C'est un type qui m'a tout le temps aidé dans des moments de la vie très durs. Un jour en Algérie, on revenait d'opération à la caserne et dans la chambrée, il y avait un poste de radio allumé. Miracle, Trenet ! C'était Le piano de la plage . J'avais côtoyé la bêtise, la fatigue, la méchanceté, l'horreur pendant plusieurs jours et tout d'un coup, je revenais à la civilisation. C'est rien une chanson mais ça peut être un moment de grâce, d'espérance.
J'ai toujours admiré la force de ce type pour faire passer des choses très légères. Je le compare à Matisse, il peint des choses légères mais qui ont une force terrible.
A sa mort, j'étais submergé de tristesse, je ne pouvais donc pas faire quelque chose sur le même registre que pour Coluche. Avec lui, on se fendait la gueule, il venait nous voir au bouclage de Charlie. Trenet, je le voyais sur scène, je ne le connaissais pas, c'étaient ses chansons qui m'intéressaient.
Sur un dessin de 1977, vous embellissez Trenet par rapport à Higelin. Êtes-vous objectif, car Higelin était beaucoup plus jeune que Trénet...
Oui, mais sur scène, au bout de quelques chansons, Trenet avait l'air très très jeune...
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