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par Nicolas Paquin (alias Charles Blondeau)
Quiconque prend conscience d'avoir perdu un peu de temps en s'impliquant en politique aura certainement, en écoutant Trenet, eu quelques chances de s'y retrouver. En effet, Charles, sous le rythme cocasse d'une chanson("Le nid de pies") qui n'a pas gravé les mémoires, a gravé, lui, une sévère critique de la politique.
Dans un poirier, les pies chantent, sans se préoccuper des bombes qui explosent, faisant pleurer leurs petits. Elles ne s'en soucient guère. Heureusement, Charles passe par là et les entend. Comme il entend tous ces bruits, qui expriment la tristesse ou la joie. Et, pendant qu'il écoute ce que la vie de chacun a à lui raconter, les pies continuent de chanter.
Mais les pies se métamorphosent et, humaines, se posent autour d'une table en bois, à parler de guerre et de paix, longtemps, longtemps. Tandis que les villages sont engloutis sous l'onde, pour ignorer intentionnellement les drames, les pies humaines - on devinera qu'elles sont devenues politiciennes, les pies - continuent de palabrer pour passer le temps. Et Charles remet en question, au passage, deux vieilles croyances : est-on vraiment décidé, lorsque l'on meurt pour des idées ? Notre origine culturelle peut-elle nous rendre meilleurs, lorsque nous sommes tous frères ?
Les pies continuent à discuter dans leur monde - un poirier -, sans détenir de pouvoir sur les poires, que Charles nous dit de ramasser. Nous les mangerons, et, réfugiés dans un certain jardin extraordinaire (en effet, comment ne pas déceler le monde merveilleux de Charles dans cette allusion au paradis que possède chacun ?), nous oublierons le monde et tous ses discours.
Pendant ce temps-là, les pies continueront à chanter?
On comprend mieux, à la lumière de cette tentative d'expliquer l'amusant Nid de pies, pourquoi Charles s'est abstenu de toute implication politique. Les politiciens parlent, parlent, parlent, sans se soucier de ce qui les entoure. Charles, lui, s'en inspire, s'en nourrit, parce que le monde qui rit ou pleure est une source d'inspiration formidable. Et c'est cette " morale " qu'il tente de nous transmettre par ses chansons, mais qu'on oublie parfois.
L'homme n'a jamais eu de carte d'électeur. C'est inutile : les pies chanteront toujours, sans écouter ce qui les entourent. C'est la vie ?
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