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par Lucien J. Heldé
"Dada-gogo-bébert", drôle de titre pour une chanson ésotérique !… Et pourtant, s'il se trouve une chanson étrange dans le répertoire du Fou chantant, c'est bien cette adaptation biscornue de la célèbre chanson traditionnelle française du "Bon roi Dagobert". Vous savez bien… cette vieille ritournelle où un pauvre sire mérovingien se fait systématiquement remettre en place, lui et sa culotte, par un saint Éloi agaçant de matérialisme.
Écoutez cette chanson injustement méconnue de Trenet !
Après un début des plus respectueux du texte original, le poète de Narbonne donne libre cours à son imagination débordante. Il prétend d'abord que ce présumé Mérovingien aurait aimé, en vrac, "la mer qu'on voit danser le long des golfes clairs", "son père et sa mère", "les petits-enfants", "le bon vin et le civet de lapin" et, last but not least, "les jeunes filles aux yeux bleus". Ensuite, Trenet entraîne ce sympathique personnage dans les plus "abracabratesques" des aventures : Il l'emmène "chanter des chansons à l'envers" sur les routes de France, le fait peindre des "tableaux qu'il est seul à trouver beau" et le met aux prises avec un valet voleur volant des vélos. Hélas, la guerre survient ! Dagobert veut la repousser, mais comme les chevaliers, eux, "veulent guerroyer", "on" enferme le roi dans une "tour au fond des bois". Et il est là mort !
Sur sa tombe, poursuit Trenet, on croit que "le grand saint Éloi écrivit ceci, qui n'est pas précis : Dada-gogo-bébert a remis son âme à l'univers".
Que voilà un bien étrange Dagobert !
Le "Roi Dagobert" de Trenet, c'est bien évidemment une chanson "à clefs". Mais qui se cache réellement sous ce Dagobert ? De qui Trenet parle-t-il ?
De lui-même ? Mais alors, pourquoi se fait-il mourir "au fond d'un bois" ?
Du poète Max Jacob, comme je l'ai cru un moment ? D'accord, mais comment expliquer le valet voleur de vélos et la peinture de tableaux d'un goût contestable ?
De Pétain, comme le croyait ma défunte mère ? Absurde ! Le vainqueur de Verdun, le traître de Vichy ne refusa pas la guerre, il en profita pour prendre le pouvoir !… Et jamais le Maréchal-nous-voilà ne s'en alla chanter, sur les routes de France et de Navarre, des chansons "fraîches comme la pluie". Dieu merci !
Le plus simple eût été de demander à Trenet ce qu'il voulait dire.
C'est bien ce que j'ai fait lors de mon unique (et pour moi mémorable) rencontre avec le poète ailé. Homme poli, Trenet ne m'envoya pas paître, il ne me chantonna pas non plus
"Ne Cherchez pas dans les Pianos ce qu'il n'y a pas", mais me regarda de ses célèbres grands yeux bleus pétillants quoiqu'étonnés, puis, un peu gêné, il rit et, bien vite, changea de sujet de conversation.
Devant cette réticence bien étrange chez cet homme qui jamais ne rechignait à commenter ses œuvres et leur genèse, j'en ai conclu que mes tentatives d'explication étaient trop simplistes, qu'il fallait soumettre cette chanson énigmatique à un véritable travail de décodage. C'est ce que j'ai fait, il y a quelques années déjà, et je suis arrivé à une conclusion stupéfiante : le roi Dagobert de Trenet et Jésus de Nazareth, ne font qu'une seule et même personne !
"Allons bon ! me direz-vous. Nous voici en pleine énigme de Rennes-le-Château ! Quel fatras en perspective ! Quelle ineptie aussi : Faire peindre des tableaux à Max Jacob et à Pétain, tu trouves ça absurde ! mais quand Christ aime le bon vin, le civet de lapin et les jeunes filles aux yeux bleus, ça, pour toi, c'est normal ! Mais c'est toi qui débloques complètement, mon pauvre ami !".
Je sais… Je ne puis vous donner tort de penser cela ! À première vue, cette identification paraît absurde… En outre, il m'est impossible de développer mes arguments dans le cadre restreint de ce court article. Pourtant, réécoutez attentivement cette chanson méconnue, copiez et étudiez-en le texte, relisez les Évangiles, l'Apocalypse ! Gardez aussi à l'esprit que Trenet aimait les calembours, les jeux de mots, les énigmes... sans compter qu'il fréquenta assidûment Jean Cocteau, un personnage dont les liens avec l'ésotérisme sont bien connus ! Vous verrez alors que mon hypothèse n'est pas aussi absurde qu'elle n'y paraît !
"Tout bégayait, tout traînait
Plus rien ne traîne et tout parle
Grâce aux chansons de Charles
Trenet"
(Jean Cocteau)
Lucien J. Heldé – http://www.empereurs-romains.net
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LE BON ROI DAGOBERT ou LA CULOTTE DU CHRIST | Connexion/Créer un compte | 11 Commentaires |
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