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13 JUIN 1959, CHARLES FAIT SA RENTREE A LA TELEVISION ...
le 25 Mar 2014 - 12:06
Charles et la chanson

A "L'Ecole des Vedettes", le 13 juin 1959

En 1959, la Radiodiffusion-télévision française n'est pas encore l'ORTF et s'affiche encore avec son célèbre logo RTF "atome". C'est l'année qui connait le lancement du célèbre magazine "Cinq Colonnes à la Une" et, pour la première fois, un hélicoptère est utilisé pour retransmettre les images du "Tour de France".

Il faut émettre pendant 55 heures par semaine pour satisfaire les spectateurs assis devant les 1.406.240 récepteurs en France. La Maison de la Radio commence à s'édifier. Il n'y a qu'une seule chaîne mais on parle déjà d'une seconde chaîne et, déjà, on se permet de rêver à la couleur…


Charles Trenet, lui, revient du Japon et fait sa rentrée à la télévision dans "L'Ecole des Vedettes". Cette émission, animée par Aimée Mortimer(*) de 1956 à l'été 1963, présentait un artiste confirmé lequel parrainait une jeune vedette "en devenir". C'est ainsi que, l'année suivante, cette émission verra la toute première apparition de Johnny Hallyday, parrainé par Line Renaud. Mais revenons en 1959 et à Charles Trenet. . .






A 46 ANS, IL EST RESTE LE "FOU CHANTANT"
Extrait de "Télé Magazine" du 10 juin 1959
Reportage de Michèle HUGUET – Photos : P.F. Jentille


"Mes quarante ans… et quelques," assure Charles Trenet, "m'ont obligé à pratiquer les haltères. Et croyez-moi, il n'y a que ça pour rester en forme. "

Peut-être celui qui de San Francisco à Tokyo est connu sous le surnom de "Fou Chantant", mettra-t-il un jour cet exercice en chanson. Mais il n'ignore certainement pas, en son for intérieur, qu'il n'a nullement besoin de cela pour rester le plus jeune de nos chanteurs. La preuve ? Vous allez l'avoir à "L'École des Vedettes" samedi 13 juin à 21h35.

Sa meilleure amie : sa mère

Le soleil est au rendez-vous, les oiseaux chantent, les fleurs resplendissent. Tout, dans ce jardin des bords de Marne, semble jeter un clin d'œil malicieux au printemps. Rien d'étonnant : le maître de céans est celui que, depuis vingt ans, on appelle "le fou chantant".

C'est bien simple : le domaine de Charles Trenet, à La Varenne, est le reflet coloré de ses chansons : tout y est joie, gaieté, plaisir de vivre. Et l'auteur lui-même, détendu et souriant, parle avec enthousiasme de la musique classique, celle qu'il préfère et qu'il s'emploie savamment à défendre devant ses interlocuteurs. Sa mère se mêle discrètement à la conversation et on décèle bien vite quelle grande communauté d'esprit existe entre Mme Trenet et son fils.

A quarante-six ans, Charles a gardé la jeunesse de ses vingt ans et c'est parce qu'il a su bien l'expliquer dans ses chansons qu'elles ne paraissent pas vieillir. La génération des "tricheurs" ne trouve pas vieux jeu :
Y'a d'la joie, Je chante et les autres refrains bien connus que leurs parents écoutent toujours, l'air ravi, retrouvant intacts et bien vivants les airs qui, avant "la drôle de guerre", donnèrent un souffle nouveau à la chanson française.

C'était l'époque où le directeur de l'Européen levait les bras au ciel après avoir entendu le jeune Trenet passer une audition et s'écriait :
"Ce n'est pas une scène qu'il lui faut, mais un asile d'aliénés". Un fou, peut-être, mais d'une espèce assez sympathique et qui devait conquérir le monde entier… en chantant.

Il a fait construire sa maison à distance

Il récapitule : "En 1959 je fête ma majorité dans la chanson. Il y a vingt-et-un ans que je chante et que ça marche !"
La belle maison blanche qu'il adore faire visiter est, en quelque sorte, la preuve de ce succès.

"En fait, cette maison, je l'ai pratiquement fait faire à distance. Quand je voyais dans un pays quelque chose que j'aimais vraiment, j'écrivais aux architectes et je leur expliquais ce que je voulais. Voilà le résultat. Elle me plaît et j'y retrouve une foule de souvenirs auxquels je tiens. "

Il y a un peu partout de petits trésors, glanés aux quatre coins du monde, que Trenet montre avec amour : le dernier en date est une tuile faîtière rapportée du Japon et qui n'a pas moins de six cents ans. "Le Japon, c'est un pays très beau, étrange. J'y suis resté un mois et demi ; c'était le neveu de Foujita qui me présentait au public, un public qui s'y connaît en chansons. Les plus célèbres des miennes ne sont pas les mêmes qu'en France. Celle que l'on fredonne le plus est Berceuse, qui est bien loin de compter parmi les succès parisiens. "


"Tout ce qui est gai, je veux le mettre en musique"

Un moulage de la tête de Minou Drouet trône dans la bibliothèque.
"Ce n'est pas tant Minou que j'admire, mais sa mère... en tant qu'impresario", explique-t-il.

La télévision a aussi la place d'honneur à La Varenne, comme dans sa villa de la Côte d'Azur :

"J'aime énormément la T.V. ", assure Charles. "Oui, la regarder et en faire aussi. Je la préfère de loin au cinéma : pour un film, il faut recommencer dix fois la même chose. On ne peut plus avoir le même naturel, le même élan. Comme téléspectateur, les émissions d'Etienne Lalou me plaisent infiniment ; je trouve bien plus passionnant et plus facile de découvrir la médecine, par exemple, en images plutôt que dans des livres qui sont ardus le plus souvent et parfois rebutants. Par la télévision, dans un langage clair, les choses compliquées sont mises à la portée d'un public très étendu. C'est énorme !"

Il pivote, montre en passant une édition rare, s'assied à la table d'un minuscule bureau tapissé de toiles signées "C. Trenet", saute trois marches et se retrouve tout joyeux auprès de sa mère qu'il embrasse tendrement.

Quel est le secret de cet homme ? Par quelle magie les trois cents chansons qu'il a écrites sont-elles aussi entraînantes, plaisantes à tous moments ?

"Il n'y a rien de sorcier là-dedans", répond-il. "Pour moi, la chanson est une œuvre d'art comme la peinture ou la sculpture ; je chante toujours ; j'ai besoin de chanter pour vivre et il se trouve que c'est la joie, tout ce qui est gai que je veux mettre en musique le plus longtemps possible…"

Un rien l'inspire et ce poète farfelu sait changer en chansonnette toutes les manifestations de la vie qui l'entoure : une rue de Paris, une plage ensoleillée, des amoureux naïfs, etc. Demain, il fredonnera peut-être un air et des paroles célébrant la pratique bienfaisante des haltères pour les quadragénaires :
"Il y a quelques années seulement que je m'y suis mis. C'est excellent chaque matin pour vous mettre en forme et pour rester jeune !"


POUR "L'ECOLE DES VEDETTES", CHARLES TRENET REVIENT DU JAPON
France-Soir du 13 juin 1959


Les chansons que vous entendrez ce soir, J'ai des relations mondaines, Giovanni et Cloches sonnez ! sont nées quelque part entre Tokyo et Paris à 8.000 mètres d'altitude. C'est dans l'avion qui le ramenait de sa longue tournée au Japon que Charles Trenet, pour tromper la monotonie du voyage, les a écrites et il en donne, ce soir, la primeur aux téléspectateurs dans «L'Ecole des Vedettes ».

RENTREE DE CHARLES A LA TV
Nicole Bonnin dans " Le Journal des Amis de Charles Trenet" de juin 1959.

Un Trenet tout neuf (à cause des cheveux), avec 3 chansons nouvelles : J'ai des relations mondaines, Cloches sonnez !, et Giovanni,  nous parut samedi , 13 juin, à "L'Ecole des Vedettes".

Aimée Mortimer qui le présentait, lui a demandé pourquoi il s'était fait couper les cheveux.
"Parce que voilà les vacances", a-t-il répondu. Charles parrainait une jeune chanteuse, Jacqueline Danno. Deviendra-t-elle, à son tour, une Guylaine Guy … (déjà bien oubliée) ?





(*) Aimée Mortimer (1901-1978) fut chanteuse lyrique à l'Opéra de Paris et de 1950 à 1960 productrice et présentatrice de télévision. Elle y anima notamment "L'école des vedettes". Elle interpréta également un petit rôle dans "Le Baron de l'écluse" (1960) avec Jean Gabin. C'était aussi la tante de Laurent Fabius.





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