|
|
|
par Antoine Mondor
19 février 2001 : quelle importance ?
Pour chacun d'entre-nous, le rendez-vous est pris : tôt ou tard, notre soleil a rendez-vous avec la lune.
Celui des poètes, des artistes, des musiciens aussi.
Ils le savent bien, eux qui souvent osent osciller entre ce plein soleil qui menace leurs ailes et les pires, les plus implacables des clairs de lune, où l'Homme, debout dans la lumière noire, est seul.
Charles Trenet fut à la fois solaire et lunaire, merveilleusement, humainement l'un et l'autre : le fou chantant fut tout, sauf fou.
Il fut d'abord un homme, confronté à un siècle : à cet homme, à lui seul, appartiennent ses joies, ses peines, ses regrets, ses secrets. Qu'il se repose, enfin, en paix.
Mais Charles Trenet fut aussi un magicien : souvent il m'a rendu le sourire. Ce simple sourire, si difficile à conserver, presque impossible, parfois, à retrouver. Il m'a rendu le sourire en me replantant, chaque fois, dans le sol. Comme un arbre, déraciné sous le vent de la vie. Un arbre qui, par la main de l'Homme qui donne, retrouve les quelques choses simples qui comptent plus que tout, qui font sa vie et la lui donnent : la terre, le ciel, et lui-même, les branches en croix dans tout cela, à travers tout cela, vers tout cela.
La terre, le ciel. La mer. La Douce France d'avant-guerre, d'après-guerre, de toutes les guerres dont l'Homme, toujours, perdra la dernière.
La grande victoire de Charles Trenet aura été de savoir le dire et le chanter en riant, sans rire, sur des musiques capables de consoler l'inconsolable, de concilier l'inconciliable : la lune et le soleil, dont nos vies sont suspendues aux rendez-vous manqués.
Hier, un air de jazz s'est élevé dans la nuit.
Un oiseau trop rare a battu des ailes sur un rythme de swing, et s'est envolé.
Il était beau.
Son soleil n'en pouvait plus d'attendre mais la lune, cette fois, lui a ouvert les bras.
Antoine Mondor - http://www.zoomrang.com
Les paroles de "Le soleil et la lune"
|
|
|
| |
|