MA SOEUR, N'OUBLIEZ PAS
Paroles et Musique: Charles Trenet
© - 1973 - Raoul Breton

Au couvent des clémentines,
La Supérieure, un matin,
Au lieu de chanter mâtines,
S'en alla prendre le train.
Elle partait dare-dare
Au chevet de Monseigneur
Et sur le quai de la gare,
Elle dit à toute vapeur :

Refrain :
Ma soeur, n'oubliez pas
Que pendant mon absence
Il faudra, il faudra
Repriser les draps.
Ma soeur, n'oubliez pas
Que dans les lieux d'aisance,
Il faudra, il faudra,
De la mort-aux-rats.
N'oubliez pas, le vendredi,
De manger du poisson béni
Et de donner de l'ipéca,
Chaque soir à soeur Augusta.
Ma soeur, n'oubliez pas
Les boules de naphtalines.
Faites de petits repas !
Songez que "qui dors dîne",
Ma soeur, n'oubliez pas.

La commision étant faite,
La novice s'en alla
En disant : "Je le regrette
Mais je ne peux rester là".
Aussitôt chacune invente,
Pour partir, mille raisons
En disant à la suivante
D'écouter cette oraison :

(Refrain)

Un matin de très bonne heure,
Revenue par la voie des airs,
Notre Mère Supérieure
Trouva le couvent désert.
L'herbe prenait sa revanche.
Tout n'était plus que buisson
Et les oiseaux dans les branches
Lui chantaient cette chanson :

Ma Mère, n'oubliez pas
Que pendant votre absence,
Elles n'ont pas, elles n'ont pas
Reprisé les draps.
Ma Mère, n'oubliez pas
Que dans les lieux d'aisance,
Elles n'ont pas, elles n'ont pas
Mis de la mort-aux-rats.
Elles sont parties un vendredi
En mangeant du poulet rôti
Et en donnant du chocolat,
Chaque soir à soeur Augusta.
Ma Mère n'oubliez pas
La morale de l'histoire
Et pour finir sur un mot :
L'absence, il faut me croire
Est le pire des maux !