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LA MARCHANDE DE RÊVE
Poème dédié à l’inspiration idéale, sœur de la Muse de Musset ou de la Sylphide de Châteaubriand.


Délicatesse d’aquarelle
La marchande de rêve passe
Dans un sourire brodé d’or,
Dans une robe de dentelles ;
Sa voix module, sans fadeur.
Notre marchande se promène,
Et pour débiter sa fortune
Elle part en robe de folle,
Elle part en robe de lune,
Invisible comme un reflet,
Mince comme une corolle.
Sur son lit défait
Rêvait
L’homme qui l’attendait
Rêvait muet, l’un de ces hommes qui disposent
De leur temps après les repas,
Et qui fument,
Et qui, distraits, acceptent la fortune
Que porte la marchande dans ses bras.
Son geste est calculé ; rien d’imprudent,
Elle en rit de ses belles dents.
O fruits, de la sollicitude,
Comblez-moi de vos paradis,
Ce soir, lundi, mardi, jeudi.
Que mes présages de solitude
Se dépouillent de leur lourdeur
Comme se dépouillent les fleurs
De leur odeur.
Passe, marchande en aquarelle,
Je chante pour moi la chanson,
Passez, passons.
Stricte, immuable, éternelle,
Avec son sourire doré,
Passait la marchande fée
En robe folle de dentelles.
Sur son lit défait
Rêvait l’homme qui l’attendait
Et rêvait l’homme qui dispose
De son temps, de la vie, de ces choses.